10 réponses pour en finir avec les préjugés concernant la justice des Mineur.e.s !
4/ Les filles sont plus violentes et de plus en plus nombreuses à commettre des délits
FAUX. Par Véronique Blanchard, éducatrice à la Protection judiciaire de la Jeunesse, responsable du Centre d’exposition historique ‘Enfants en justice’, historienne.
Co auteure avec David Niget de « Mauvaises filles. Incorrigibles et rebelles », Paris, Textuel, 2016.
Les médias ces dernières années semblent être unanimes à montrer l’évolution explosive et dramatique de la violence et de la délinquance juvéniles féminines. Selon les observateurs, on assisterait là, au mieux, à un effet logique de la fin de la différence des sexes, au pire, à une crise morale si profonde que même les filles deviendraient des sauvageonnes.
En regardant les statistiques de manière diachronique, c’est à dire dans le temps long on observe en fait que les femmes et les filles sont ultra minoritaires dans les statistiques de la délinquance.
Pour les mineures cela oscillent entre 1 0 % et 1 5 % des poursuites, et moins de 2% pour l’incarcération et ce de manière fort stable. Ces chiffres attestent davantage des inflexions des politiques pénales que de l’évolution des illégalismes réellement commis. L’annonce des chiffres de la délinquance féminine juvénile depuis 201 0 témoigne surtout d’un emballement médiatique qui confine à la « panique morale ». En réalité, la violence des filles fait régulièrement événement dans l’histoire ce qui prouve qu’elle a toujours existé – elle est alors perçue comme une nouvelle menace. L’émotion que suscite son surgissement est à la hauteur de son invisibilité sociale, laquelle est avant tout la conséquence d’une domination politique. Reconnaître aux filles la possibilité de se comporter avec violence, ce serait aussi leur reconnaître un statut dans la cité.