A Mayotte, une situation des mineurs détenus dramatique.
Au mois d’avril, le Contrôleur Général des Lieux Privatifs de Liberté signalait une situation explosive au quartier mineur de Villeneuve lès Maguelone sur laquelle notre organisation syndicale avait alerté depuis longtemps la direction territoriale de la PJJ, mais sans que cela ne débouche sur des solutions.
Ces jours-ci la situation de mineurs incarcérés à Majicavo (Mayotte) a été portée au grand jour après des alertes répétées des professionnels de la PJJ.
Entre le premier et le quinze du mois d’avril, trois tentatives de suicide par pendaison ont eu lieu. L’un des mineurs a tenté de suicider à plusieurs reprises dans la nuit et n’a été transféré à l’hôpital qu’après la cinquième tentative. A son retour au bout de deux jours, il a été placé en quartier disciplinaire. Du fait de l’augmentation du nombre de mineurs incarcérés, deux cellules d’environ 15m2 sont occupées par 6 mineurs et 5 d’entre eux partagent la même cellule. Cette réalité reflète la situation d’abandon dans laquelle les mineurs, soit portent atteinte à leur propre intégrité physique et morale, soit s’agressent violemment entre eux.
Dans cette maison d’arrêt, la détresse des mineurs a atteint un degré insupportable qui s’apparente à de la non assistance à personne en danger. Comment les administrations de tutelle ont-elles pu à ce point laisser se dégrader la situation alors que, là comme à Villeneuve lès Maguelone, les personnels n’ont cessé d’alerter ?
Une fois de plus la PJJ, face à l’Administration Pénitentiaire, semble bien impuissante à peser pour le respect de conditions de détention adaptées à des adolescents, déjà profondément déstructurés et pour lesquels le passage en prison est un passage à hauts risques. Quel est le rôle des personnels de la PJJ intervenant auprès des mineurs détenus, si leurs alertes sur les conditions de détention ne sont pas entendues ?
Ces évènements interviennent alors que les structures ouvertes de la PJJ de Mayotte se trouvent dans une situation de pénurie de moyens intenable alors que la jeunesse en difficulté, là encore plus qu’ailleurs, est confrontée à un avenir sans perspectives dans un contexte socio-économique marqué par le chômage, la pauvreté et un tissu social détruit.
Dès lors, la tentation est grande, dans le cadre des politiques publiques et pénales d’user de l’enfermement, quelles qu’en soient les conditions et le coût humain pour les adolescents concernés.
Le SNPES-PJJ/FSU réaffirme qu’en raison de ses effets destructeurs, la prison pour les mineurs doit rester la plus exceptionnelle possible.
Il demande avec force que la Direction de la PJJ prenne les mesures d’urgence qui s’imposent à la maison d’arrêt de Majicavo, pour protéger les mineurs et mettre fin aux conditions indignes de détention qui leur sont faites.
Il exige que soit rapidement étudiée la situation des services de la PJJ de Mayotte et qu’un plan soit décidé pour dégager les moyens nécessaires à un fonctionnement normal du service public de la PJJ à Mayotte.
Il en va de l’intérêt des mineurs conformément aux principes énoncés dans les textes internationaux et européen.
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