Les arguments ne manquaient pas dans notre déclaration préliminaire du premier tour pour boycotter de nouveau ce CTC. Cependant, même portés pour avis et loin des préoccupations actuelles des professionnel.le.s de terrain, les sujets abordés sont suffisamment graves pour que nous fassions entendre notre voix et nos valeurs, bien plus auprès de nos collègues que d’une administration qui y reste désespéré-ment sourde.

Ainsi, quel bilan pouvons-nous d’ores et déjà tirer d’une lettre de mission adressée par le garde des sceaux à la Directrice de la DPJJ, plus d’un an après sa nomination ? Il est évident que dans une administration qui a adopté le concept de méritocratie, la célérité et le zèle sont la marque de cette direction.

À maintes reprises, cette lettre de mission s’apparente à une lettre technocratique et procédurale où la PJJ est un accessoire des services judiciaires et une sous-direction de l’administration pénitentiaire.

Si l’esprit de la primauté de l’éducatif sur le répressif inscrit dans l’ordonnance du 2 février 1945 se veut faire partie de l’esprit ‘conservé’ dans ce nouveau code justice pénal des mineur.e.s, la grande majorité des points de cette lettre de mission vient en contradiction :

*des moyens alloués aux centres fermés plus qu’aux hébergements ou à l’insertion

*les formations sur le Code de Justice Pénale des Mineur.e.s n’ont étés jusqu’ici principalement que des temps d’informations et de formatages laissés à l’initiative individuelle des personnels devant leur ordinateur sans appropriation ni réflexion collective.

*des publics singuliers qui bénéficient tantôt de moyens substantiels pour leur accompagnement (jeunes radicalisé.e.s), tantôt de traitement spécifique au rabais, tels les mineur.e.s et jeunes majeur.e.s isolé.e.s étranger.ère.s

*un dialogue social sans concertation

*un projet politique affirmé par une communication à sens unique telle une vitrine de « bonnes pratiques » sans aucune remise en cause en cas de difficultés avérées (comme par exemple pour les centres fermés)

En tout état de cause, cette lettre de mission est désincarnée de ce qui fait véritablement sens pour nous, professionnel.le.s de terrain, à savoir : la protection et l’accompagnement éducatif d’une jeunesse en danger et en difficulté, notamment dans son rapport à l’autorité et à la loi.

Vous nous soumettez également pour information, ce jour, la lettre de mandat d’expérimentation du projet « armées-justice » sur la jeunesse rédigée de concert par la ministre des armées et le garde des sceaux. Comme nous vous l’avions déjà signifié lors de notre déclaration préliminaire, nous sommes profondément consterné.e.s à la lecture de ce projet de partenariat. Un peu de recul sur notre histoire vous aurait sans doute permis de remiser ce projet au placard des fausses bonnes idées avant même de nous le soumettre. Les J.E.T de triste mémoire ont été un des avatars de ce type de tentative pour le moins incongru.

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