Déclaration liminaire du Comité Technique Ministériel
23 juillet 2020
Ce Comité Technique était initialement prévu le 7 juillet et a été décalé du fait du remaniement ministériel de la veille. Le choix du Président de la République des différentes nominations et notamment de Jean Castex en tant que Premier Ministre confirme les orientations politiques prises dès le début du quinquennat et inquiète particulièrement sur les conséquences sociales, économiques et environnementales qui seront tirées de la crise. Au vu du parcours politique des nouveaux et nouvelles ministres, il est certain que le cap du jour d’après sera aussi libéral que le jour d’avant.
Votre nomination en tant que nouveau Garde des Sceaux, Monsieur Dupont-Moretti, n’échappe pas à la règle. Vous parlez d’être « pragmatique pour agir concrètement » là où pourtant se poser et réfléchir serait nécessaire.
Sur la question des prisons, la FSU a toujours défendu l’idée d’une nécessaire sortie du tout carcéral, solution illusoire qui a démontré son inefficacité dans la lutte contre la récidive. Le nombre de personnes détenues ne cesse d’augmenter, tant chez les majeur-es que chez les mineur-es et ce malgré un nombre de places de prisons toujours plus grand. La baisse significative du taux d’incarcération pendant la crise sanitaire démontre pourtant que sortir de ce système en privilégiant les alternatives par un renforcement des accompagnements en milieu ouvert est possible.
Concernant la justice des mineur-es, vos premières déclarations sur le sujet nous interrogent fortement. Faire preuve de pragmatisme dans ce domaine ne doit pas vous amener à ressortir de vieilles recettes, telles le recours à l’armée, qui n’ont jamais fait leur preuve. Par ailleurs, vos propos peuvent apparaître comme particulièrement disqualifiant pour les professionnel-les de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui accompagnent au quotidien les jeunes sous main de justice. Si vous voulez, comme vous le dites monsieur le GDS « une justice des mineurs plus rapide et plus efficace », il vous faut remettre en question les politiques pénales répressives des dernières années qui engendrent l’enfermement, faire le choix de l’éducatif et le pari de la liberté, donner des moyens supplémentaires à la protection de l’enfance dans son ensemble, aux Tribunaux pour Enfants, aux greffier-es, dont la présence en audience est indispensable et aux personnels de la PJJ. Vous aurez les moyens, avez-vous dit, alors, faites les bons choix. !
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